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Les Chroniques de Nerdville
7 février 2007

Faut-il accueillir les Gothiques?

Les querelles intestines de Rebeltown ont abouti hier à l'exclusion de la ville de cinq cents citoyens Gothiques, ostracisés selon le porte-parole du gouvernement pour "menace à la cohésion de la polis". Ils étaient donc très nombreux - trop nombreux, diront certains - à avoir passé la nuit dernière sous des tentes à un kilomètre des portes de leur ancienne cité, désormais laissés à leurs propres soins pour avoir trop longtemps refusé ceux de leur gouvernement.

"Il nous ont accusé d'avoir attaqué un groupe de Punks la semaine dernière," nous a confié Queen Of Shabbat, réfugiée gothique, secouant de rage ces mèches teintes en noir. "C'était peut-être vrai, moi je sais pas, je fais pas ces trucs-là. En tout cas ce qui est sûr c'est que ça leur a servi de prétexte, ça faisait longtemps qu'ils préparaient un exil en masse..."

Nos reporters ont passé la nuit avec ces exilés. Entre trois feux de camp, cinq tentes et divers rituels sataniques, ils ont peu à peu réussi à comprendre les sentiements de cette minorité fauteuse de trouble. "Rage, rage et colère," disaient certains, tandis que les autres criaient "faux rebelles, à mort!". Le sang coulait à flot le long des tenues en cuir noir au milieu de l'hystérie générale.

Pendant ce temps, Nerdville s'inquiète. Les Humanistes Littéraires appellent à la solidarité de la population de la ville, publiant des pamphlets de plus en plus virulents en faveur d'une action immédiate du gouvernement pour aider ces malheureux. Les rumeurs vont bon train entre les étagères de la Bibliothèque Principale ; on parle souvent d'une manoeuvre tactique de Rebeltown pour infiltrer Nerdville, ou d'une opération terroriste ayant pour but de venger la défaite de Rebeltown aux dernières Olympiades inter-cités. Le gouvernement a refuser d'émettre toute opinion.

Les Flaubertiens ont manifesté ce matin contre la mise en place éventuelle d'un centre d'accueil de ces arch-ennemis de la ville, même si celui-ci se trouverait alors, selon la loi, hors d'un rayon de dix kilomètre de ses enceintes. Ce défilé pacifique a été interrompu au niveau du Parc Proust par l'agitation d'une faction de Matheux Radicaux opposés à l'intervention directe de ces "Littéraires déconnectés du monde" dans la politique étrangère de la ville.

Les Stendhaliens, réunis Rue Saint Simon ce midi, ont voté à l'unanimité en faveur  de l'accueil des réfugiés, et l'oubli de toute ancienne querelle entre nos deux villes, au nom de la solidarité inter-populations. Les Flaubertiens ont rétorqué qu'il s'agissait sans doute pour les Stendhaliens d'une occasion rêvée de réveiller la brouille entre le gouvernement de Rebeltown et le nôtre, en offrant l'asile politique à leurs exiliés. Aucune réponse des Stendhaliens n'est parvenue à notre rédaction - toutefois les Flaubertiens viennent de se plaindre d'un début d'incendie criminel dans leur QG Avenue Zola, et accusent leurs adversaires principaux d'être à l'origine du sinistre.

Les Kantiens ont décidé de lancer un colloque sur l'égalité des hommes, il se tiendra demain matin Place Einstein - bien connue pour la neutralité politique du lieu - , et tous les citoyens de Nerdville intéressés par le débat y sont bien entendu conviés. Aucune autre réaction à la situation actuelle n'a été signalée de leur part.

Les Sceptiques, selon leur politique habituelle, déclinent tout commentaire.

Nous attendons les réactions de nos concitoyens sur la conduite à tenir dans cette affaire, qui vient troubler la simplicité des relations pacifiques rétablies récemment entre Nerdville et Rebeltown.

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